SAINT-PETERSBOURG

SAINT-PETERSBOURG
SAINT-PETERSBOURG

SAINT-PÉTERSBOURG, anc. LENINGRAD

Deuxième ville de la fédération de Russie (5 000 000 d’habitants en 1992), Saint-Pétersbourg, l’ancienne capitale, a symbolisé pour les Russes tout à la fois la fenêtre ouverte sur l’Occident, le haut lieu des activités révolutionnaires sous l’Ancien Régime et l’âme de la résistance aux envahisseurs nazis.

La création de la cité au tout début du XVIIIe siècle parut pourtant un véritable défi lancé à la nature, tant le site choisi pour l’installer était ingrat: les rives du delta marécageux de la Neva, où elle allait grandir, se trouvaient situées au-delà des terres cultivées, et le fleuve, pris par les glaces cinq mois par an, débouchait dans un golfe parsemé d’îles et de hauts-fonds, lui-même couvert de glaces durant plus de trois mois l’hiver. Pierre le Grand, en créant sur ce territoire qu’il venait d’arracher à la Suède un port et en donnant au pays une nouvelle capitale, entendait marquer à la fois l’éviction de la Suède du groupe des puissances dominant la Baltique et l’avènement de l’Empire russe parmi les grandes nations européennes. Les pouvoirs du tsar étaient si grands qu’en un siècle Saint-Pétersbourg devint la plus peuplée des villes russes, s’affirmant comme la capitale politique et culturelle incontestée de l’Empire, tout en prenant rang parmi les plus belles des villes d’Europe, car elle avait été aménagée par les meilleurs architectes et urbanistes du temps. Tout au long des XVIIIe et XIXe siècles, avant que les ports russes de la mer Noire ne prennent leur essor, Saint-Pétersbourg assura la plus grande part du commerce maritime national; bois, lin, minerais métalliques, venus de toute la Russie, ne faisaient plus le détour par Arkhangelsk, qui déclina désormais, et s’accumulaient sur les quais de son port qu’un réseau de canaux, de routes puis de voies ferrées sans cesse perfectionné par les pouvoirs publics reliait toujours mieux à la région de Moscou, aux pays des terres noires, à l’Oural et à la Sibérie. Les navires étrangers qui venaient en prendre livraison apportaient le charbon britannique ou allemand, ainsi que le coton nord-américain puis égyptien. Les capitaux investis par les banques ou sociétés industrielles étrangères, venant s’ajouter à ceux que plaçaient les négociants russes et l’État, servaient à la création d’un grand nombre d’entreprises industrielles travaillant des matières importées: industries textiles, constructions mécaniques, industries chimiques se développaient, avec le concours de techniciens étrangers, à proximité immédiate du port. Saint-Pétersbourg, déjà capitale et très grand centre industriel, se donna une dimension nouvelle en présidant au développement économique des pays de la «terre noire» tout comme à celui de la Sibérie. Aussi sa population, indice de sa fortune, connut-elle un accroissement considérable, passant d’un demi-million de personnes à la fin du XIXe siècle à deux millions à la veille de la révolution d’Octobre.

Elle change une première fois de nom en 1914: par germanophobie, on la baptise Petrograd, nom russe synonyme de Pétersbourg. À la mort de Lénine, en 1924, elle devient Leningrad et reprendra son nom de Saint-Pétersbourg en 1991, après la chute du régime soviétique. Depuis 1918, la ville a vécu sur son passé. Au lendemain de la révolution et durant la guerre civile, sa population diminua tant que la ville ne retrouva qu’en 1930 un nombre d’habitants égal à celui de 1913, car non seulement elle avait perdu la prééminence dans l’État mais, privée de son hinterland balte, elle se trouvait placée en position de ville frontalière, alors que la contraction brutale du commerce extérieur russe lui ôtait l’essentiel de sa fonction portuaire. Pourtant la qualification de ses ouvriers était d’un si grand intérêt que, durant les premiers plans quinquennaux, les pouvoirs publics multiplièrent les créations d’entreprises dans l’ancienne capitale. Forte de 3 385 000 personnes en 1939, la population de la cité fut à nouveau décimée durant le terrible siège de neuf cents jours qu’elle soutint pendant la Seconde Guerre mondiale: il fallut attendre 1962 pour retrouver le nombre des habitants de 1913.

Depuis lors, la population de la ville s’est accrue régulièrement, plus lentement toutefois que celle de Moscou. Bien que n’étant plus capitale de l’État, Saint-Pétersbourg n’en reste pas moins un grand centre administratif dont l’autorité s’étend à toute la région économique du nord-ouest du pays, en même temps qu’à l’ensemble du Grand Nord russe. C’est dans cette ville que se trouvent les instituts qui ont étudié les traditions et la langue des peuples du Nord, pour en faire des langues écrites et les doter d’une culture autonome. La présence dans la cité d’une université renommée ainsi que de plusieurs sociétés savantes et de nombreux musées, dont le plus célèbre est celui de l’Ermitage, permet à Saint-Pétersbourg de rivaliser avec Moscou en tant que centre culturel. Les activités de son port de commerce se sont développées régulièrement à mesure que l’Union soviétique accroissait ses échanges avec le reste du monde, tandis qu’une puissante flotte de guerre était basée à Kronstadt. Saint-Pétersbourg est aussi un centre de constructions navales fort actif, en même temps qu’un foyer de constructions mécaniques, mais ce sont les fabrications de machines, de matériel électrique, électronique et optique qui font la renommée de ses entreprises. Peu pourvue en matières premières et en substances énergétiques, Son activité industrielle a dû se spécialiser dans des fabrications délicates qui incorporent au produit fini beaucoup plus de savoir-faire et de travail que de matière brute. Ainsi l’industrie chimique est-elle représentée surtout par la production de pellicules photographiques et de produits pharmaceutiques, tandis que les industries textiles sont spécialisées dans la confection ou la mode plus que dans des filatures ou des tissages. Le secteur secondaire emploie plus de la moitié de la population active.

Les quartiers industriels enserrent le cœur historique de la cité dont l’architecture a subi une forte influence étrangère, allemande et italienne surtout. La ville du XVIIIe siècle s’étend face à la forteresse Pierre-et-Paul, sur l’autre rive de la grande Neva. Au voisinage de la place du Palais se dressent d’imposants monuments tels le Palais d’Hiver, l’Amirauté ou la cathédrale Saint-Isaac dont la majesté symbolise la puissance de la grande Catherine et de ses successeurs. Coupée de nombreux canaux et traversée par de célèbres «perspectives», l’ancienne ville de l’aristocratie de cour, des ambassades et d’une armée dressée à la parade connaît une grande animation. La majesté du fleuve, la beauté des monuments, l’harmonie des couleurs en font le plus bel ensemble architectural urbain de la Russie.

Saint-Pétersbourg
(Petrograd de 1914 à 1924, Leningrad de 1924 à 1991) v. et port de Russie, à l'embouchure de la Neva; 4 995 000 hab. Import. centre industr. et culturel.
Fondée en 1703 par Pierre le Grand, qui voulait une "fenêtre" sur l'Europe et un port sur la mer Baltique, la ville s'élève sur la Neva. Conçue par des architectes italiens et français, elle renferme: la forteresse Pierre-et-Paul et la cathédrale St-Pierre-et-St-Paul, construites sous Pierre le Grand par le Suisse D. Trezzini; le palais d'Hiver (1754-1762, oeuvre de Rastrelli); le palais de Marbre (bâti par Rinaldi de 1768 à 1785); la statue équestre de Pierre le Grand, par Falconet. La Bourse maritime fut édifiée (1805-1810) par le Français Thomas de Thomon, et la cath. St-Isaac (1819-1858) par Auguste Montferrand. Des palais et des églises bordent la perspective Nevski. Le musée de l'Ermitage, fondé par Catherine II, occupe plusieurs palais (dont le palais d'Hiver) et abrite une riche collection de tableaux.
De sept. 1941 à janv. 1944, la ville, encerclée par les troupes all., subit un siège tragique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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